Coquillard et tampon
A l'évidence, on transbahute toujours en nous le petit garçon ou la petite fille que nous fûmes jadis.
Je suis même persuadée que les caniches royaux trimbalent aussi le chiot ou la chiotte qu'ils furent, mais eux, ils s'en tamponnent total le coquillard*, si tant est qu'un clébard puisse tamponner un coquillard*.
Un petit pont Cif amoniacal ?
La façon dont est vécue l'enfance conditionne fortement l'adulte que nous devenons.
On parle souvent des blessures et des traumatismes, de la mal-traitance qui infligés à l'âge tendre, produisent des êtres blessés, éclopés ou résilients. Je ne vais pas vous rejouer Festen ni la Petite Marchande d'Allumettes, certains ne connaissent que trop bien la chanson.
Je sais pour ma part que mon enfance très solitaire, passée dans les bouquins et les films (ni Proust ni Bergman, mais tout et n'importe quoi) a fait de moi une femme parfois timide et effacée, parfois extravertie jusqu'au délire qui adore multiplier les relations amicales et qui soudain peut avoir une envie mordante de solitude absolue. Mais on s'en ultra-tamponne le fameux coquillard*.
J'entendais ce matin sur RTL-Europe 1-France Inter (barrez les stations erronées) une interview de Yasmina Reza, dont je connais le nom mais très mal l'oeuvre, à part le scénar de Carnage de Polanski.
Elle vient apparemment de nous sortir un petit bijou littéraire "Heureux les heureux", un roman top moumoute*.
Ses personnages, 18 en tout, s'entrecroisent dans des rapports sentimentaux complexes, et c'est passionnant (enfin, parait-il, je ne l'ai pas lu).
La journaliste de RTL-Europe 1-France Inter (barrez les stations erronées) remarquait que, malgré le titre, aucune des relations décrites n'avait de happy end et que tout se terminait plus ou moins en eau de boudin*.
Mâme Reza rétorquait que la life c'est pas du flan vanille et qu'on n'en sort généralement pas vivant... et c'est là que je retombe sur mes pieds bots : même une enfance sans histoire, épanouie et harmonieuse peut être handicapante, car le devenu adulte garde à jamais le souvenir de son bonheur passé sans espoir de le retrouver. Contrairement à l'enfant malmené, il est incapable de se forger des armes pour affronter les vicissitudes de la vie.
Une sorte de mélodie-maladie-malédiction du bonheur (biffez les mentions erronées) !
Ca se discute, mais c'est ce qu'elle pense Mâme Reza.
J'ai pris ça en plein dans la tronche, ma fille m'ayant dit l'autre jour qu'elle pensait souvent au bonheur et à la joie quotidienne qu'elle avait à vivre avec ses frères et qu'elle regrettait ce temps là. Nostalgique à 23 ans !
J'aurais du lui tamponner le coquillard plus souvent* !
* NB : Rechercher l'origine de cette mystérieuse expression.