La terre promise
Je ne parlerai pas d'Israël, encore moins de rugby.
Imagine Haïku en short, les oreilles en chou-fleur, le protège-dents vissé dans la bouche, un oeuf dur à la main (faut tenir compte de la taille), cavalant sur une pelouse et zigzaguant entre les Dieux du Stade crottés et menaçants.
La foule hurle. Le commentateur exulte et éructe :
"Les mouches ont changé d'âne ! Haïku a sorti le casque à pointe, elle couve l'oeuf. Après une cuillère à Lomu et une salade de phalanges dans la face de Michalak, la voilà qui échappe à un magistral placage cathédrale de Beckenbauer (qu'est-ce qu'il fout là, lui ?) et qui file vers la terre promise ! Essai ! L'église est remise au centre du village ! La cabane est tombée sur le chien !"
Quel spectacle ! Ca vaudrait son pesant !
Mais non, nous nous sommes contentées d'aller voir le dernier Gus Van Sant, Promised Land.
Qu'en dire ? Je suis partagée.
Le sujet est brûlant, il est question de l'exploitation du gaz de schiste et des petits inconvénients écologiques qui y sont subordonnés (la terre, gorgée de saloperie chimique, clamse et les animaux avec).
Matt Damon, qui a perdu en grâce ce qu'il a gagné en graisse, incarne l'employé d'un grand groupe chargé de convaincre des paysans au bord de la faillite de vendre une concession sur leurs terres afin d'exploiter ce fameux gazounet.
Nous voici donc à Ploucville-Mornetrou, son bar country, ses pick-ups pourris, son institutrice charmante, le dinner à serveuses aimables, les gens simples et honnêtes, dignes dans leur pauvreté. Et le vilain Matt qui va essayer de leur piquer leur terre. Mais bien sûr qu'il y aura des revirements et que des éléments imprévus parviendront à échèquer Matt, qui se prendra un bourre-pif au bar, une veste avec l'instit' et un café au dinner avant de se rendre compte que la fracturation hydraulique, c'est pas fantastique.
Un film engagé, intelligemment écrit, mais diaboliquement mou du sgeg. On est parfois à deux doigts (trois ça rentre pas) de s'ennuyer un brin.
Et puis le chef op' a du forcer sur la Budweiser, l'image est moche, ou alors c'est Ploucville-Mornetrou qui est moche.
Mais il y a tout de même Madame Coen, que j'aime bien.
Bref, peut mieux faire, Gus.
J'ai très envie de voir "L'écume des jours"...