Poète et paysan
Après des recherches exhaustives et harassantes, j'ai trouvé l'origine de "je m'en tamponne le coquillard". Il m'a fallu compulser des dizaines d'ouvrages rares et poussiéreux pour retrouver la trace de Sigismond Cussoney, poète et paysan, qui puisait son inspiration dans la contemplation de sa ferme, de ses vaches laitières et de ses équidés divers.
Voici un extrait de son épopée "La cane à son, pépère", dans laquelle j'ai finalement trouvé mon graal explicatif.
"La jument Nadège"
Elle reste là, dedans son pré
Ses flancs brillants et mordorés.
Sa beauté est toute intérieure
Car sa taille est bien inférieure
A la normale de ses pairs,
Et puis elle a un gros derrière.
Toute la basse-cour se gausse
Et compisse ses bas de chausses.
Pourtant elle est brave Nadège
Sous le soleil ou dans la neige !
Mais la volaille n'en a cure
Et se fout bien de sa figure.
On l'affuble de tous les noms,
"Teckel, tromblon, mi-canasson".
Le pire, c'est le seigneur des poules
Qui se marre comme un maboule.
"Jument tant poney, coq hilare"
Tu es cruel Jean-Pierre Bellemare* !
Comment ??? Mais comment l'oeuvre immense et bardophile de Sigismond Cussoney fut-elle à ce point pervertie ? Je l'ignore, hélas.
Mais ma tâche m'appelle ailleurs désormais. Il me faut trouver les racines de cette expression mystérieuse et porcine : "Finir en eau de boudin".
Ci-dessous, une explication peu rationnelle... on peut faire mieux !
Les origines de cette expression attestée dès la fin du XVIIe siècle sont assez largement controversées. La première hypothèse consiste à dire que l'eau de boudin serait celle dans laquelle on nettoie les boyaux avant la fabrication des boudins. Il s'agirait donc d'une eau sale, donc inutilisable et par extension à laquelle on pourrait assimiler une situtation vouée à l'échec. La seconde origine proposée est une déformation de "s'en aller en aunes de boudins", où l'aune est une unité de longueur. Ici, on comparerait un contexte peu favorable à la mort du porc sacrifié pour le transformer en charcuterie. Par la suite, d'autres ont prétendu qu'il pourrait s'agir d'une déformation de "s'en aller en os de boudin". Le boudin n'ayant pas d'os, l'expression signifierait que l'on va vers quelque chose qui n'existe pas ou qui va échouer. L'explication la plus probable tient plus certainement au sens qu'avait le mot "eau" au XVIe siècle, à savoir, "excrétions liquides". Quant au "boudin", il désignait le sexe masculin, et son radical "bod" servait à qualifier le ventre, le nombril... L'expression serait alors "partir en eau de ventre"... autrement dit en collique, concordant ainsi avec son sens de "échouer, être dans une situation peu râgoutante et peu favorable...". * C'est étrangement le nom du coq de Sigismond Cussoney... on se perd en congés turcs ! ![]() |