B.A.
Non, B.A. ne signifie pas Bain Annuel, casse-toi tu pues et marche à l'ombre...
Ni Bilan Anal, bien que je sois une grande fille maintenant puisque j'ai reçu mon avis colorectal. La sécu du 9.2. souhaite recevoir un échantillon d'aisselle, ou un truc dans le genre, j'ai pas tout pigé, ils font feu de tout poil.
Non, alors c'était hier, quand j'ai pris le train à Asnières pour prendre le métro à Havre-Co pour aller causer chez Titine à Robespierre.
Je marchais d'un pas allègre de mamouth dégraissé vers le quai A, qui me faisait de l'oeil en clignotant une promesse de direct pour Saint Lago à 14h15 quand tout soudain, tout à trac et tout à ma gauche, surgit un être étrange du photomaton local.
Une petite dame, trrrrrrès vieille, l'oeil affolé, le cheveu en blanche bataille et la lippe étrangement enduite du même gloss rose pourpré que Britney Spears se colle quand elle a décidé de pécho en boîte.
Sereine et zen bien qu'à l'extrême frontière de l'hystérie, je demande à cette brave femme quel est son tourment et pourquoi elle m'agrippe la cuisse de ses petits doigts crochus avec tant d'alacrité.
"J'y arrive pas !", gémit-elle d'une voix chahutée par des sanglots réprimés à grand peine. "Cette saloperie de machine m'a déjà bouffé 4 euros, comme si j'avais les moyens... aidez moi Mademoiselle, s'il vous plaît !"
N'écoutant que mon courage et la voix ténue d'un fond d'humanité qui me souffle de ne pas laisser cette pauvre aïeule sans défense dans les griffes de l'affreux Photomaton, je prends en main la situasse.
J'essaye tout d'abord de lui cadrer le portrait, sa taille oscillant entre celle de Passepartout et 1m12.
Je fais tourner le tabouret à donf, à la limite du dévissement total, puis j'encourage Léonie* à se percher sur son sac à main volumineux, lui même perché sur le tabouret.
On est à peu près à niveau.
J'essaye ensuite de récupérer les 4 euros disparus en appuyant vigoureusement sur tous les boutons à disposition. Mon luc ! Ca va faire cher la tof !
Voyant le désespoir de Léonie, je fais semblant de récupérer 2 balles dans le bouzin, alors qu'ils sortent en direct live de mon morlingue.
Je mets les thunes dans le bastringue, histoire d'ouvrir le bal...
Une voix de garage à bite commence à nous débiter 10 minutes de conseils. Pas sourire, pas de coueffure déviante, pas de photo avec Kiki ton canari, pas de lunettes ou sauf si tu regardes bien au centre des verres (?), pas de bijoux intempestifs - j'ôte discrètement les deux chandeliers vénitiens qui pendent des esgourdes de ma protégée.
Garajabite demande ensuite à la pauvre femme, complètement à l'ouest, si elle souhaite poser avec Justin Bieber, Kim Jong Il ou Tigrou, si elle veut voir figurer sur le cliché "Bonne Année 2009" ou "Petit Kikou de Paris".
Bref, un pénible 1/4 d'heure plus tard, Léonie a ses 4 portraits. Bien qu'elle ait l'air dessus de sortir direct de l'enfer des coiffeurs pour méroux, elle semble ravie, me remercie avec emphase, avec l'oeil humide du carlin nain qui sent les croquettes. Elle veut même me filer son 06. Je m'enfuis, prétextant un train à prendre. J'ai eu le 14h31.
* Le nom a été modifié pour préserver l'anonymat, ou pas, puisque j'ignore totalement comment se nomme cette charmante ancêtre de Mimie Mathy.