Le cendrier propre
Régulièrement, je vais voir quelles sont les recherches Google qui mènent à ce lieu de perdition.
C'est toujours mystérieux et improbable, pratiquement surréaliste. Tiens, hier le mot clef qui a draîné le plus de populo vers mon jardin : DOMINA !
15 pékins soumis se sont fourvoyés dans mon jardin potager.
Ca m'a rappelé une mésaventure partagée avec ma copine Betty il y a quelques années.
Betty, est une longue fille, 1,76m, avec une crinière de cheveux roux frisés. Impériale.
Lorsque l'on se promène ensemble, on ne fait pas petites choses perdues, mais échassiers qui arpentent l'asphalte à grandes enjambées décidées.
On s'arrête dans un troquet de la rue Daguerre, en terrasse. Bières, cigarette pour moi. On papote, je fume et j'écrase mon mégot dans le cendrier prévu pour.
Le serveur se précipite, prend le cendrier sale et m'en file un propre. Un peu étonnée, je le remercie.
- Faut pas me dire merci ! dit-il.
Betty et moi échangeons un regard surpris et amusé, et on oublie.
Papotage, nouvelle cigarette, mégot dans cendrier. J'ai à peine le temps de l'écraser que le serveur est là pour le remplacer.
Betty rigole : "Faut pas vous dire merci, je suppose !"
- Non. Je suis à votre service. D'ailleurs si vous avez des tâches ménagères à faire chez vous, je suis à votre disposition. Entièrement gratuitement, bien sûr ! Je fais ça régulièrement. Vous voulez voir des photos ?
Betty se marre carrément, alors que je commence à penser que le garçon est sévèrement pété du casque.
- Oh oui, dit-elle en battant des mains, montrez-nous des photos.
Il file dans les cuisines, revient aussi sec avec une pile de photos qu'il pose, face contre table, devant Betty, et part servir de nouveaux clients.
Betty chope les clichés, et je la vois changer de couleur... elle ne sourit plus du tout. Elle me passe le paquet.
Notre charmant serveur (un petit gros d'une quarantaine d'années) est à 4 pattes vêtu uniquement d'un tablier de soubrette, et semble lécher le parquet, surveillé par une grande black toute de cuir sanglée, un fouet à la main.
Je repose le tas sur la table illico. Je colle un billet sur la table et prend Betty par l'aileron.
- Viens, on se barre !
Un peu plus loin dans la rue, on surprend nos deux silhouettes dans une vitrine, dans nos longs riding coats noirs... et on éclate de rire !