Le carrousel de l'inutile
Séance cinoche ce matin avec Haïku.
On a notre petit rituel dominical.
1 - RDV au 5 Caumartin, séance juste avant midi, ensuite partage d'une assiette de frites avec une Leffe pour moi et un verre de Chablis pour elle dans un rade rue de Budapest.
OU
2 - RDV à l'UGC des Halles, séance juste avant midi, ensuite partage d'une assiette de frites avec une Kilkenny pour moi et un verre de Chardonnay pour elle au Quigley's Point rue du Jour.
Y'A AUSSI
3 - RDV au MK2 Quai de Loire, séance juste avant midi, ensuite partage d'un repas indien à 3 euros par tête de pipe avec du tchaï rue du Faubourd Saint Denis.
Bon, bref, aujourd'hui c'était l'option 1.
Nous avons vu "Jusqu'au bout du conte" de Dame Jaoui (JAOUI, c'est la version franco-allemande de OUIOUI. La version allemande-allemande, c'est JAJA).
J'y allais pleine de l'espoir de ne point ressentir ce vague ennui qui m'avait incompréhensiblement assailli à la vision des premiers opus du couple (JAJA et BACRI - qui doit donner en allemand un truc comme BACH-LACHT ou dans le genre).
T'as l'air con quand tout le monde adore un film, se gargarise des répliques "cultes" et que tu n'as pas aimé. Pas détesté non plus, hein, mais ouais, ok, bof. Une solitude en tous points ou presque comparable à celle du gardien de but avant le penalty, de la grosse acnéique en forme de tapisserie qui garde le sac de sa copine, de la Spice Girl endimanchée qui lâche une caisse impromptue devant la Queen.
Brêfle, j'avais passé mon tour sur leurs dernières productions, et c'est pleine d'espoir que je posai précautionneusement le plat fessier qui est le mien sur le fauteuil de velours rouge élimé, en vérifiant bien qu'Haïku était sagement installée sur le siège d'à côté, j'ai toujours peur de l'écraser par mégarde.
Ce film est un manège. Ca tourne bien, en rond. Tu vois les personnages, comme des chevaux de bois, défiler, monter et descendre, disparaître et réapparaître tour à tour. Ils sont bien stylisés : l'actrice ratée fofolle, le jeune musicien romantique, l'ingénue amoureuse, le grand méchant loup*, le taiseux qui fait toujours la gueule (devine qui c'est ???? Et oui, BACH-LACHT !**)
Alors oui, bravo les dialogues, c'est juste, avec des petites perles de temps en temps semées comme quelques cerises goûtues dans un pudding fadasse.
Le parallèle entre la vie réelle et les contes - Le Petit Chaperon Rouge, Cendrillon et compagnie - est parfois réussi, parfois total naze.
Je suis sortie de là comme tu t'éloignes du jardin public où tu as vu tes enfants faire 8 tours de manège d'affilée. Tu es là sur ta chaise en fer qui te fait des marques sur le plat fessier qui est le tien. Au début, tu surveilles que les gamins soient bien arrimés et ne fassent pas trop de conneries, tu fais coucou à chacun de leurs passages, puis à un passage sur deux, et puis tu sors ton bouquin, ou ton tricot, ou les deux.
J'ai regretté de ne pas avoir pris mon tricot. Et mon bouquin.
Mais je dois être définitivement hermétique à JAJA et BACH-LACHT.
Toutefois, Haïku qui est friande s'est déclarée un chouillat déçue.
* Mention Très Bien pour un chanteur-acteur que je n'apprécie ni des lèvres ni des dents ni de la tronche, ni sur le plan musical (désolange !). Benjamin Biolay est top toupet dans le rôle du méchant loup. Vraiment.
**BACRI, Jean-Pierre, tireur de gueule professionnel depuis 1973. Il le fait bien, hein. Ca reste dans la famille des taiseux virils, Gabin, Lanvin, Ventura et consorts ou qu'on sort pas. Il le fait bien dans son genre. Chapeau. Rideau. Plein le dos.