Bergson, c'est de la merde
Soyons clairs, francs et massifs. Bergson, c'est de la merde. Bergson, c'est ma machine à pain.
C'est comme la yaourtière, très populaire en son temps.
C'est marrant, mais je sens tout en écrivant se lever déjà des armées de défenseurs de la yaourtière, une écume blanchâtre au bord des lèvres, éructant des anathèmes... je m'égare.
Brèfle. J'ai acheté une machine à faire du pain. Je l'ai appelée Bergson. Mon frigo s'appelle bien Kant ! Alors !
Pourquoi as-tu acheté une machine à pain, pov'conne ? J'aime bien m'insulter vertement parfois, ça fouette les sangs.
Parce que voilà, la boulange la plus proche de chez moi n'est pas terrible. Et puis d'ailleurs, on ne mange pas tellement de pain à la maison à part du de mie pour faire des toasts comme on est anglophiles à donf at home (pas taper), mais le fiancé, lui, aime beaucoup le pain surtout le matin avec du beurre et de la confiote, et comme on est amoureuse à la limite de la béatitude, on VEUT lui faire plaiz.
Quand on est avec fiancé en Bretagne, l'horloge interne fait qu'on se réveille une bonne heure avant lui qui dort comme un bulot mort, non non non, un bienheureux. On le contemple avec un sourire niais, mais au bout d'un temps on a des crampes dans les mâchoires à force de sourire.
On se lève, on s'habille (sans même se laver, ouah la porcinette – mais on se lave après, hein !), on sort dans le village très joli, on passe devant chez PoissoneC (la poissonnerie), on traverse la petite place Le TrouadeC, on passe par le café-tabac-presse KerfelleC, on entre dans la boulange et on dit : « Bonjour, je voudrais une Campaillette... »... et la jeune femme toute mignonne de l'autre côté du comptoir réplique in petto: « Ya, traou mad bara gwen breizh kenavo ! »
Et la jolie boulangère te sort la baguette de Monsieur D., elle t'a reconnue, et c'est à ça que tu te rends vraiment compte que c'est entré dans les moeurs locales, Monsieur D est ton meC !
Alors là je vais faire un stop.
Ce billet pourrait prendre plusieurs directions.
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De l'utilité de la machine à pain.
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La boulangère, sous ses airs amènes, n'est-elle point une espionne perverse à la solde d'une association de mâles fêteurs de la Saint-BreizhonneC ?
On va laisser la boulangère tranquille, parce que déjà que je suis malbarre avec mes conneries en « eC», ça risque de ne point s'améliorer au fil du billeC !
Donc, la machine à pain, c'est : de la couille en barres, du flétan de moule déshydraté, nul comme un film de Luc Besson, comme un livre de Marc Lévy, comme le dernier Bénabar, comme... que sais-je, moi ! Je ne vais pas user ma salive virtuelle à débiner une bécane.
Au début, j'ai cru que c'était moi la grosse nullasse. Ca m'a rappelé les premières fois où j'ai fait l'amour. Je ne ressentais pas grand chose, j'étais persuadée que j'étais la grande coupable et je m'étais résolue à croire que j'étais une pauvre fille frigide et sans avenir sensuel... pfff.
Bon, et je dis graisse encore ! Je dérive vers le pain de fesse, on aura tout vu.
Donc, recentrons-nous Bergson. Après plusieurs opérations tragiques, j'ai réussi à produire une miche (ta gueule !) correcte.
C'est une sorte de gros machin carré et gonflé de la calebasse composé d'une masse de mie molle entourée d'une croute un rien duraille. On dirait qu'il produit la chose sous son galure, le mec ! Faut couper en tranches et toaster, sinon, c'est juste pratiquement immangeable.
Enfin si on a une idée du pain un rien différente. Le genre baguette moelleuse à la croute dorée et craquante, prompte à produire des tartines de la mort qui tue, ou des mouillettes à tremper dans les oeufs à la coque, ou saucer le jus du poulet roti, ou... rrrrhhhaaa lovely !
Mais ça, jamais Bergson n'y arrivera. Jamais.
Je vends Bergson. Si quelqu'un est intéressé... (quoi je n'ai aucun talent commercial ?)