Fantasia chez les ploucs

Publié le par PRISE DE CHOU

Presque en retard !

Perchées sur mes boots Manolo B., je trottine comme une pouliche entravée, à toute allure, sur le quai, poursuivie par le ahanement du chauffeur de taxi qui traîne ma malle-cabine.

Voiture 18, voilà. Légère, je gravis les hautes marches, le conducteur de sapin hisse l’énorme bagage et se retourne vers moi, hors d’haleine, avec un sourire glauque.

Il veut quoi encore, celui-là ? N’a-t-il point eu la joie indicible de partager quelques instants de ma trépidante existence, ce que nombre de mâles lui envierait ? Il ne voudrait pas m’embrasser ou un truc incommodant dans le genre tout de même… ou pire que je le paye !

Sans ménagement et par surprise, je le pousse vigoureusement hors du train juste avant que les portes ne se ferment. Ciao pantin ! Non, mais… on aura tout vu !

Sur le cul et sur le quai, il vocifère en levant le poing.

L’ignorant superbement, j’avance, féline, sentant dans mon dos la brûlure des regards masculins incandescents sur le balancement de mes courbes parfaites. Je n’en ai cure.

On m’attend à Rigolades, non… Blagues… non, Vannes !

Siège n° 83. Je prends place gracieusement auprès d’un individu d’âge et de sexe indéterminé. Plutôt féminin, sans doute, puisqu’aucun filet de bave ne lui dégouline sur le menton lorsque j’entre dans son champ de vision.

Je décide de m’abstraire pour les 3 heures qui viennent.
J’applique sur mon regard intense un masque opaque et doux et procède à un décomptage animalier propice à l’endormissement, dixit Paris Hilton :

Un chihuahua, deux chichuahuas, trois chihuahuas...

Me suis-je assoupie ? Sommes nous déjà arrivés à Gaudrioles ? Un fumet terriblement rural parvient à mes narines.

Quelle pestilence, la campagne ! N’y aura-t-il personne pour inventer un jour le déo à vaches, à porcs, à ploucs en général ?

Faisant foin de mon malaise olfactif, j’arrache mon masque d’un geste auguste et élégant et me prépare à descendre, puisque nous sommes à quai et que Billevesées me tend les bras.

Horreur, erreur ! Nous ne sommes pas rendus à destination. Nous sommes en transit à Caribous… non, Rennes ! Et l’odeur impie qui flagelle mes parois nasales provient d’un énorme sandwich au pâté, englouti avec appétit par mon indéfinissable voisin(e), qui se retourne et me sourit benoîtement, m’offrant une vue imprenable sur les bouts de gras et de cornichons stockés entre ses ratiches (en vue de son 4 heures, peut-être).

Je sors subrepticement mon mouchoir imbibé de Chanel et me le colle sur le nez. Le voyage jusqu’à Galéjades risque de me sembler interminable.

Mais il faut souffrir. Je suis peut-être en passe de découvrir le secret du sourire qui tue. Arriverai-je à le soutirer à son détenteur, Michael Mc Adam ?
I've got a gut feeling...


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M
Y a que le fond de culotte qui s'use qu'assis !
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P
Mc - j'éviterai dorénavant de prendre le train à l'heure du graillou !<br /> Mac - hé non, rien qu'une attaque de pâté !<br /> Phil - tu avais trop bien compté les chihuahuas...<br /> Mic - tu as une vie époustouflante et avinée, en ce moment, on dirait !<br /> Mic 2 - je n'aurais pas osé. Personnellement, je ne Suze qu'à 6.
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M
et ne me dis pas que la Suze que si l'on Sancerre. Ce serait trop simple.
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M
Quelle aventurière ! Les voyages en chemin de fer sont vraiment périlleux. Quelle audace ! L'amour donne des ailes. De papillon bien sûr. Mais l'amour rend aussi aveugle, confondre Rennes et Vannes, tout de même ! Mais aussi, l'amour embellit la plume. De papillon.<br /> Allez, une tite suze tiens, avant la branlette du soir et le repos tout autant mérité.
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P
J'ai fait le trajet pendant 6 ans, et pas souvenir des gares de Gaudrioles et de Caribou. Devais pas être assez amoureux, moi...
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