La patate & le rire des morts

Publié le par PRISE DE CHOU

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En mode « patate de sofa », il m’arrive certains jours peu glorieux de passer des heures devant ma télévision, la zappette à la main.
C’est parfaitement honteux et peu recommandable, j’en conviens.
Pour vivre intensément ces temps morts et célébrer la défaite de mon cortex, je donne dans le mou intégral.
T-shirt mou, pantalon mou, chaussettes molles, poils aux guibolles.
J’absorbe des nourritures insipides et des sodas régressifs, affalée dans mes coussins raplaplas. Charmant tableau.
Et je zappe.
Mon cerveau perméable absorbe le tout venant. Le pire est plus fréquent que le meilleur, qu’importe, je prends tout. Plus c’est niais, plus j’ingère aisément.
Les téléfilms où des enfants blonds survivent à des péripéties pathétiques avant de se jeter au cou de leur génitrice, dans un grand « I love you Mummy » final et lacrymal.
J’avale des feuilletons pour ados avec histoires de cœurs brisés à la cafèt’. Kevin sort avec Lola, mais il a embrassé Karin au bal de la prom (ouh le vilain Kevin) !
J’engloutis des vieilleries policières qui sentent la naphtaline, la SFP et le Commissaire Poussière.
Je fais ventre de tout.
Mes neurones spongieux se gonflent d’images cheap et de dialogues ineptes. La télé distille son Creuzfeld Jacob, et je gobe. C’est moi l’avachie folle.
Seules les émissions ponctuées de rires enregistrés peuvent me sortir de ma torpeur cathodique.
J’en ai toujours eu peur.
Petite, je demandais à ma mère :
-         Mais c’est qui qui rit ?
-         Des gens qui ont été enregistrés il y a longtemps sur une bande… On repasse toujours la même.
Je trouvais ça épouvantable, ces gens prisonniers d’une bande, et que l’on forçait à glousser devant des images qu’ils ne voyaient jamais.
Plus tard, il m’apparut que, depuis le temps, les hilares de la bande devaient être morts, les uns après les autres, bien qu’on les entende, encore et encore.
J’en avais, et j’en ai toujours froid dans le dos.
 
Ces morts qui s'esclaffent du fond de leur tombeau, j'ai l'impression qu'ils me regardent dans ma tenue molle, légumineuse tragique devant sa boîte à image. C'est de moi qu'ils se moquent.
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Raillée par les zombies de la marrade, les rieurs d’outre-tombe, les spectres ricaneurs, la patate de sofa se lève lourdement et éteint la télévision. 
Dégoûtée, honteuse et guérie.
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Jusqu’à la prochaine fois.
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A
ah, toujours pas de son. T'es pas forte en informatique ? hihihi !
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P
Je pourrais mettre la chanson si je l'avais... T'as qu'à m'envoyer le titre en MP3, et je remet le son !Philppe K
D
Ben oui, dis donc ! Je devrais peut-être la mettre en illustration sonore... Si j'y arrive, parce que je suis quand même la reine des brèles en informatique !
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A
allez, t'inquiète, t'es pas la seule.<br /> Pour preuve : "la flemme" "assise devant toi"...<br /> Qui donc nus télécommande de là-haut (ou d'en bas...) ?
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