Vannes-Paris-Moutard
Le Vannes-Paris avait du retard. Un long quart d'heure. Long, le quart d'heure.
Warum ? Parce que c'est les vacances de la Toussaint, gamin, et que la SNCF chemindeferre un max de pékins, dont un max d'enfants.
Et là (ton journalistique), c'est le drame.
Tu te retrouves dans un "carré", avec papa-maman-bébé qui hurle.
Et ça te donne très très mal à la tête. Tu vas prendre un café à la voiture-bar pendant une petite heure, avec ton bouquin, tu reviens, espérant que le nain s'est endormi.
Non, que dalle. Il hurle dix dB plus fort. Ton mal de crâne s'amplifie et tu souffres.
Mais tu ne dis rien.
Tu compatis.
Alza est peut-être proche, mais tu te souviens...
Paris-Saint Brieuc. Seule avec les valises et Premier - sept ans et studieux mais bavard, Lancelot - 2 ans et intenable et funambule, et Lili 6 mois - malade depuis la veille au soir et vagissante collorature.
Trois heures de torture pour moi, mais surtout pour les voisins, qui malgré leur patience commençaient à me regarder de très travers.
Je sentais les "Mais comment elle les élève ses enfants !", les "on ne voyage pas avec un bébé malade, elle va nous transmettre !", les "quand on a une famille nombreuse, on prend sa voiture", les "elle va le calmer le petit blond qui fait des sauts périlleux dans le couloir"... j'en passe. J'entendais tout sans que rien ne soit dit. Et je comprenais fort bien, et je n'y pouvais pas grand chose. J'ai géré comme j'ai pu.
Arrivée à Saint Brieuc, je me suis écroulée en larmes, épuisée, dans les bras de mon père qui m'attendait sur le quai.
- Eh ben dis donc, ça te réussit d'avoir trois gosses !
- Ouuuiiiin !
- Pourquoi tu pleures, Manman ?
J'ai la tête comme un compteur à gaz, mais j'ai fait un joli sourire à la mère et au père de la Mini-Björk.
Là je voulais mettre une jolie moralité comme quoi quand tu sais comment c'est dur, t'es moins dure, mais bon, tout le monde aura pigé...