Une bougie...

Publié le par CHOU

Voilà. Demain, ça fera un an pile poil.
C'était mon compte-rendu de l'évènement...


Il fait nuit, déjà.

Nimbée dans la mousseline de ma robe Stella Mc Cartney, indifférente aux premiers frimas et aux regards admiratifs des mâles qui croisent mon chemin, j’arpente allègrement la rue Froidevaux, songeant à l’inélégance de cette dénomination. Il faudrait que j’appelle Bertrand et que je lui suggère de rebaptiser l’endroit. Rue L’Oréal (parce que Froidevaux bien) ? Rue Robert Guano (les pigeons anémiques et incontinents y pullulent) ? Rue Sans Nom (parce que je n’ai aucune idée transcendante et que c’est nihilo-poétique) ?

Le cimetière Montparnasse reste de marbre derrière ses hauts murs, j’approche du modeste estaminet qui doit abriter la blog party.

Chez Papa. Cuisine du Sud-Ouest, canard, cassoulet, haricots qui font péter. J’adore m’encanailler de temps en temps. On se lasse de tout, même du caviar. Même de gauche (le caviar).

Je retouche discrètement mon maquillage à la lueur d’un réverbère, lisse ma longue chevelure ondulée et sauvage, accorde un sourire à l’automobiliste qui vient de s’emplafonner dans le feu rouge, distrait par la vision féerique de ma silhouette chavirante, et me prépare à faire mon entrée.

Hélas, nul comité d’accueil, point de tapis rouge parsemé de pétales de roses devant le bouge.

Surprise, un rien désarçonnée, je m’adresse à une brave femme qui, assise en terrasse devant un verre de piquette, discourt à 120 dB avec un jeune homme peu disert.

-         Ola, mon amie, auriez-vous entraperçu quelques joyeux convives, je dois participer ce soir à une petite sauterie, et je ne vois personne !

-         C’est toi, Prise de Chou ?

Ajustant prestement mes boules Quies car la voix de la dame menace d’atteindre le seuil de douleur, je m’enquiers de son identité.

-         Ben, je suis Alice, et voilà Dent de Lait !

-         Tudieu, mais bien évidemment, au contraire...

Je prends donc place à leurs côtés, me mouche dans mes doigts pour faire peuple, commande un blanc cass’, tout en m’étonnant de l’apparente indifférence du jeune homme à mon égard. Il semble uniquement préoccupé de la chevelure flamboyante et du verbe haut de sa compagne.

Etonnant ! Usuellement, mon arrivée a de lourdes et immédiates conséquences. Les couples se déchirent, les femmes se défenestrent, les hommes s’immolent par le feu en gémissant mon prénom. Je ne comprends pas. Je décide donc d’aller faire un tour aux latrines, afin de vérifier si je n’aurais pas un bout de patate collé sur le coin de la gueule, une déjection d’incontinent volatile dégoulinant sur la soie de mes cheveux.

Rien de tout cela. La perfection, comme à l’ordinaire. L’ovale idéal de mon visage se détache dans la douce lumière dispensée par le néon clignotant au dessus du lavabo félé. Mes lèvres purpurines esquissent une moue incendiaire, mes yeux d’azur se mouillent à la vision de tant de beauté. Je reste un bon quart d’heure à me mirer. Ca fait du bien.

M’arrachant à grand peine à ce reflet enchanteur, je remonte prestement des tréfonds du bistrot, faisant claquer mes Louboutin  sur les marches défoncées de l’étroit escalier.

De retour sur la terrasse, j’assiste à l’arrivée d’un couple étrange. L’homme  est un échassier bizarre culminant à des hauteurs où les neiges éternelles demeurent certaines de leur éternité. Le cheveu en pagaille et l’œil vif derrière de petites lunettes dont j’ai du mal à discerner la marque (Dior, Dolce, sécu ?). Sa tenue décontractée me laisse à penser que j’ai peut-être surévalué la mienne. Un petit jean Saint Laurent et un cachemire Chanel très discrets auraient sans doute fait la rue Michel (euh, non Froidevaux).

Sa compagne, qui lui arrive approximativement à la taille, est charmante et volubile. Elle se présente :

-         Blanche de Poitiers !

Enfin du sang bleu !

Ils viennent tous deux de dévaliser la dernière boutique à la mode. L’audacieux tenancier de cet établissement a l’exclusivité parisienne du dernier must have : le string mammaire. Blanche Dep’ a fait l’acquisition d’une douzaine de modèles particulièrement osés. Parée de cet accessoire incontournable, elle va déchirer grave en Charente Poitou ! Certes, les culs terreux sont aisés à éblouir, mais elle tient là, j’en suis certaine, un atout de choc qui lui permettra de jongler mieux encore avec les 12 godelureaux qui constituent son harem.

A peine le temps d’échanger quelques mots, et voici que s’annonce celui que tout le monde attend, le Soleil Fougueux qui se lève en Ouest , l’humidificateur de Quimper, le ravageur de Fest Noz Vraz, le décapsuleur de l’Ile aux Moines, le Rocco celtique, la Bouse Musicale… Macaron.

Dans son sillage, une frêle jeune fille aux cheveux blonds emmêlés. Un genre de fée clochette qui aurait pris une bonne peignée.

Macaron daigne expliquer, souverain, qu’il a dû organiser tout à trac un match de catch entre ses prétendantes, peu soucieux de se voir accompagné par une horde de femelles en rut, râlantes de désir. Un peu de discrétion de temps en temps ne nuit point.

Voici donc Léna, la gagnante, qui a vaincu tour à tour Fiso (l’Ange Blanc du Creusot), Bougrenette (la Terreur Masquée de Villepinte), Cannelle (l’Ourse de Slovaquie)…

La douce enfant a droit à un concert d’applaudissements, un pansement pour son sein déchiqueté, et une fort belle escalope à appliquer sur son œil tuméfié.

Plus tard, alors que tout un chacun se repaît de solides nourritures ultra roboratives, apparaît celle qu’on n’attendait plus. La passionaria de Montreuil City. Son œil exalté brille de l’espoir de mille grands soirs, elle porte en bandoulière les trophées de ses luttes : les burnes desséchées de moult affameurs du prolétariat qu’elle a pliés sous son joug. Le couteau qu’elle garde serré entre ses dents la gêne un peu pour mâcher son cassoulet, mais elle n’en a cure. C’est une pure, une dure, Juliette, la Turlutte Finale !

Ah quelle soirée, mes bons amis ! Je ne me souviens pas de tout, ayant évidemment abusé du vin clairet qui nous fut servi en abondance, mais ce fut joyeux et convivial.

Les renifleurs de stupre et de lucre en seront pour leurs frais, je ne révèlerai pas qui partit avec qui et comment se termina la nuit !

Et toc !

 

Publié dans Hier encore...

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S
<br /> Happy Birthday alors et pis bravo and best wishes ^_^<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci Solange !<br /> Je ne boude pas ce bonheur inespéré. Trouver l'homme de sa vie si tard est un coup de soleil en plein hiver...<br /> <br /> <br />
B
<br /> Mon portrait me fait toujours rire.<br /> Mon harem se porte bien merci ;-)<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Ah, les effets du string mammaire !!!<br /> <br /> <br />
C
<br /> Bon anniversaire, et une pensée pour vous deux !<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci à tutti et Dame Gi, Saute-Biniou et moi-même sommes tout à fait d'accord pour s'accouder à un zinc avec vous !<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Quelle relation, comme une épopée, et il ne s'agit que d'un dîner ! Etirement garanti de mes zygomatiques. J'avais été présomptueuse il y a quelque temps en vous proposant un de ces 4 un<br /> casse-croûte sur le comptoir... Mais je vois que vous n'avez rien contre de ces rencontres si le Macaron est dans le coin ! Tout est possible finalement.<br /> <br /> <br />
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