Sosie au curry
Ce matin, je suis allée me faire supermarchier chez caca, chez zizi, chez Casino, le dealer de denrées diverses et (a)variées.
En effet, dans un élan cuisinistique, j'avais décidé de faire un cucu, un riri, un curry de volaille.
Problème, plus de papa, plus de tac-tac, plus de Patak's dans la maisonnée. Or, un curry sans curry, c'est possible, mais moins épicé et moins exotique.
Me voici donc chez Casi, traînant derrière moi une chariotte du diable, mi-panier, mi-caddy.
Au rayon "Cuisines du Monde", entre les tortillas mexicaines et la wasabi, je trouve mon pot de Patak's.
Me relevant, le précieux graal à la main, j'avise dans l'allée adjacente, de dos... mon fils n°2 !!!
La taille, la dégaine, les cheveux, la démarche et même le style de fringues... c'est lui ! Je sais que quoi et de qui je parle, c'est moi qui l'a fait.
Je hurle : "Lancelot !".
Surpris par le cri, il se retourne. C'est pas lui. Impossible, de toute manière, il est à Berlin depuis presqu'un an. Je le sais, et pourtant j'ai crié son nom.
L'ersatz de mon fiston me regarde de traviole.
"Je suis désolée, vous ressemblez très fort à... quelqu'un que je connais. Désolée, vraiment !"
Pas un mot, il se détourne et s'en va.
Je le regarde partir, souriant à l'illusion de voir mon fils ici.
Dans la queue, à la caisse, je suis juste derrière lui. Je me repais de sa nuque, de ses cheveux mal peignés, de ses épaules, de sa démarche.
Je m'aperçois qu'il me manque.