Rigor mortis
Il est plus palmé qu'un canard, le gars.
Moi je ne l'aime pas.
Je n'avais vu qu'un de ses films avant celui-ci. "La Pianiste", avec une Huppert perdue et une Girardot effrayante. J'étais sortie de la salle à la limite de la gerbe.
Si j'y suis retournée aujourd'hui, c'est qu'un parfum de chef d'oeuvre flotte autour de l'opus : "Amour".
Le premier parfum qu'il nous soit donné de respirer dans le film : la pestilence d'un corps en décomposition.
Merci mon pote.
Plus de deux heures de description clinique de l'agonie d'une femme. Où est l'amour du titre ? La compassion ? L'humanité ? Rien.
Froid et sinistre, Haneke observe la mort qui vient avec un intérêt d'entomologiste sadique. Rien n'est épargné au spectateur qui se trouve prisonnier du terrible spectacle, les couches, les râles, les visages ravagés par le temps et les souffrances. Un huis clos étouffant, qui dure, qui torture, frappe au creux du ventre mais, étrangement, n'émeut guère.
Je n'ai pas versé une larme, d'ailleurs le but d'Haneke n'est pas de faire pleurer Margot. Rendez-nous Douglas Sirk et ses mélos flamboyants ! Rendez-nous le cinéma qui fait rêver ou peur ou plaisir.
Je n'aime pas ce mec. Il n'aime pas les gens, c'est pas possible autrement. Il n'aime personne, il prend son pied à observer la souffrance et à la servir nue et décharnée.
Salaud !
Alors oui, il a sans doute un talent de cinéaste, j'en sais rien, tout le monde le dit, alors ce doit être vrai. J'ignore tout des mouvements de caméra, des subtilités de directeurs de la photo. Le son, j'en sais un peu plus et il est très efficace. Pas de musique, ou alors de la musique coupée nette. Elle s'arrête et c'est la faux qui tombe.
Sale type !
Il doit ressembler au personnage de la fille, jouée par Isabelle Huppert. Froide, détachée même quand elle pleure, qui parle à sa mère des prix de l'immobilier à Londres alors que la pauvre femme, hémiplégique, ne peux plus prononcer un mot d'intelligible.
Sadique !
Evidemment, Trintignant et Riva sont exceptionnels, bien que leur jeu au début du film soit un tantinet théâtral, et c'est étonnant. Un réel manque de naturel dans la diction, une préciosité dérangeante. Mais ça passe, et oui, trouduc de metteur en scène, plus elle meure, plus elle est meilleure, et plus il arrive à bout, plus il est parfait. Mais cette pute de metteur en scène ne permet pas à l'émotion de traverser l'écran.
Ce film est un objet froid, triste, impressionnant de sadisme, une ode à la déchéance observée avec jouissance par un type que je suis heureuse de ne pas connaître.
A la fin, Trintignant étouffe sa femme avec un oreiller.
On est presque soulagé.