Pellicule et patate - 2
Je subodore que Maïwenn est à l'aurore d'une grande carrière d'exploratrice, un peu comme Tintin ou Martine.
On a déjà eu Maïwenn chez les actrices, aujourd'hui : Maïwenn chez les keufs. Bientôt Maïwenn chez les Ch'tis ? Maïwenn en Mayenne ?
Elle fait des films dans lesquels elle joue, mais toujours en spectatrice, retranchée derrière un micro ou un appareil photo. On dirait qu'elle ne participe au casting que pour pécho Joey Starr !
Mais qu'importe, ce qu'elle nous donne à voir et à vivre est fascinant.
Une plongée dans la vie quotidienne de la Brigade de Protection des Mineurs, et comme l'action se déroule à Paris 19, il ne s'agit pas de gueules noires, même si les flics vont au charbon et que certaines victimes ont la peau très bronzée.
C'est cru, ça tord le coeur, ça fait peur, mais ce n'est jamais mièvre et ça ne s'accorde pas une once de voyeurisme.
Je ne sais où elle a trouvé ses "victimes". Des enfants qui ne jouent pas comme des enfants, c'est à dire souvent mal, en annonant un texte qu'ils ne font pas leur, ou qui ne se contentent pas d'être "mignons". Je suppose que les deux guerres des boutons qui ont dévastés les écrans récemment devaient être coquettes à cet égard.
Les mômes de Polisse sont si vrais qu'on se demande si on est dans une fiction ou un reportage.
La grande force du film est indicutablement le casting.
Je suis totalement rassurée quant à la qualité des comédiens français. Inutile d'avoir le complexe du corn flakes, De Niro peut aller se rhabiller, on a les mêmes à la maison.
Je ne vais pas détailler tous les rôles, TOUS ébouriffants (sauf Maïwenn, étrangement, assez terne et en retrait derrière son Instanmatic Kodack).
J'ai revu avec plaisir Frédéric Pierrot, plus vu depuis Land and Freedom de Loach - ça fait un bail, Frédo !
Karole Rocher et Nicolas Duvauchelle, échappés de Braquo, la super série Canal +
Jérémie Elkaïm, dans le rôle du flic trop lettré pour s'intégrer parfaitement, et très en forme au sortir de "La Guerre est déclarée".
Alors c'est qui les mieux, hein ? C'est qui qui décroche la queue du Mickey ?
Mon tiercé perso (qui est je pense celui de beaucoup de spectateurs) :
N° 3 - Marina Foïs en anorexique dépressive. Je ne la trouvais pas top en Robin des Bois, là, c'est la claque.
N° 2 - Karin Viard, qui devrait se contenter de s'appeler Ka Viard, tant elle fait partie de la crème de la crème.
N°1 : Joey Starr.
Une gueule de boxeur qui sort du ring après une bonne tourlouzine, donc pas joli-joli, une voix qui charrie des pierres, mais une force, une présence et une humanité déchirantes. Sensible, gueulard, hilarant, touchant, il ne semble pas jouer, il est.
On ne s'est pas endormis. On a rit un peu (surtout des répliques de Joey Starr et moins quand une fille raconte qu'elle a sucé 4 mecs pour récupérer son portable, je sais pas, j'ai pas trouvé ça gondolant), on n'a pu éviter un défaut d'étanchéité au niveau lacrymal, mais discret, hein. Bon, ça s'est plus vu à la sortie, rapport à mes yeux de panda.Un film démaquillant !
Alors il paraît qu'il est immonde d'instrumentaliser la souffrance des enfants pour en faire un scénario.
Le sujet est délicat, oui, casse gueule, oh oui. Faut-il ne traiter que des sujets consensuels et légers ? Demander à la réalisatrice de faire prochaînement Maïwenn chez Nadine de Rotschild ?
Cette fille me bluffe tant que je crois que j'irais tout de même voir le film !
Et puis pour rigoler un brin... et surtout pour garder LA PATATE !!!