Mardi la 9

Publié le par CHOU

C'est deux hippopotames qui bullent dans une mare fangeuse.

Au bout d'une bonne heure de silence, le plus gros se tourne vers son congénère et lui sussure doucement :

- C'est dingue, Jean-Pierre, j'ai un mal fou à me faire à l'idée qu'on est mardi.

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Ils sont cons, ces hippos. Oui on est mardi. La preuve, c'est le jour de mon aller-retour ouest-est vers Montreuil.
Donc, je me fade la ligne 9. Longuement.

Je vous en ai déjà causé de la ligne 9, je suppose. Je bosse alternativement dans un studio à Exelmans et dans un second à Robespierre. Il m'est arrivé d'aller directement de l'un à l'autre et le changement de fréquentation entre le 16ème et le 9.3. est drastique.

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De la jeune fille Dolcegabbanée du 16ème - le sac XXL Vuitton au creux du bras et l'Iphone au bout des doigts, on passe par le tout venant vers Saint Lazare - terre de contraste, carrefour de Paris - et on arrive dans un pays plus coloré en bout de ligne.

Des mammas africaines avec bébé sur le dos, de sombres silhouettes voilées, des papys noirs fatigués avec des sacs plastiques de chez ED, des bananes plantain, du maïs, des rires sonores...

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Et puis aujourd'hui, une toute petite dame toute fragile monte à Nation. Un manteau élimé, des chaussures bien cirées, elle pose son maigre fessier sur la moleskine, son sac à main antédiluvien sur les genoux. Elle a les yeux un peu délavés, comme les yeux des vieux qui ne voient plus très clair, la peau ridée et pâle, sans le moindre maquillage. Par contre, ses cheveux sont soignés. Très. Ca sent la mini-vague ou la mise en plis, voire la permanente.

Je la regarde discrètement et je me demande chez quel coiffeur de quel quartier populaire et secret à Paris on peut encore demander ce style bombé-frisé. Il y a de moins en moins de quartiers populaires et secrets à Paris. Juste des vestiges.

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Pi on s'en fout de toute manière, comme on va tous crever le 21 décembre (faudra que j'en cause à Jean-Pierre).

Elle est toute joyeuse, Miss Tifrisée ! Elle sourit toute seule, les deux mains sur l'anse rigide de son sac à main usé.

A côté d'elle, une africaine mafflue grignotte un épi de maïs grillé - oui aujourd'hui dans les rues de Paris en hiver, c'est marrons chauds OU maïs.

Notant les regards en biais de la vieille dame, Ma Flu lui tend le trognon de maïs.

mais.jpg

- T'en veux ?

- C'est gentil, mon petit, mais non. C'est pour les poules, le maïs !

- Hahahahaha ! Mais goûte, Mamie, goûte ! C'est bon !

Mamie sourit, et moi je sors à Robespierre, et j'aurais aimé voir la suite avant le couperet !

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L
<br /> Une chouette histoire qui me fait bien sourire : qu'est-ce que tu causes bien toutdmèm !<br />
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C
<br /> <br /> Tavussa ! <br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Décidemment , il y aura toujours une différence de civilisation entre Paris et Marseille...De tous ces mois où j'ai travaillé dans le même quartier que ta description du 9.3, je n'ai jamais,<br /> jamais vu personne manger du maïs grillé... :))) <br />
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C
<br /> <br /> Ben à Paris, c'est monnaie courante !<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Tu crois que S. mange du maïs grillé ?<br />
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C
<br /> <br /> Je vous laisse entre spécialistes !<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> J'aime autant l'intro avec les Hippo, que la chute... amour de Paris comme de Bordeaux même combat !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bleck<br />
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C
<br /> <br /> L'hippo n'est ni parisien, ni bordelais ! Jean-Pierre non plus, d'ailleurs !<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> Quelle chute... j'adore... <br />
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C
<br /> <br /> Fatale, la chute, avec Robi !<br /> <br /> <br /> <br />