Lorient Express
Ayé ! A vu "17 filles", le film.
C'est l'histoire d'adolescentes lamba qui vivent à Lorient, une ville qui fut "moderne" par nécessité après guerre vu qu'elle avait été écrapoutie par les bombardements des alliés qui avaient très envie de détruire la base de sous-marins que les allemands y avaient installée. Mon père m'a même dit qu'elle avait été déclarée "ville morte pour la France" et décorée de je ne sais quelle croix. La Croix de Chavaut, peut-être ou la croix Zette.
Comment décore-t-on une ville ? C'est où les poitrines pour accrocher le bitonio en ferraille ?
Bon, on s'en fout. Donc, en 1950, Lorient brillait des feux de la modernité et entrait dans les trente glorieuses la fleur au fusil. Comme tout le monde en France, et même ailleurs (j'ai pensé à Sheffield... et aux Full Monty).
Aujourd'hui, c'est la cata, la ville a mal vieilli, c'est la crise, Lorient conduit sa bagnole brinquebalante droit dans le mur.
Comme tout le monde en France (à part Mamy Zinzin et ses copains du caca-rente).
Les ados, toutes plus craquantes, naturelles et touchantes les unes que les autres, vont au bahut la semaine, picolent le week end et fument quelques joints, baisouillent sans conviction avec des boutonneux d'1m90 qui chaussent du 46, s'emmerdent copieusement dans leur ville pourrave et se baignent dans les eaux fraîches de l'Atlantique chargées d'huiles essentielles par les salopards qui dégazent au large des côtes.
Bien sûr, elles sont amies à la vie à Larmor, elles trouvent que leurs parents ont des vies de merde et rêvent d'un avenir moins gris, allongées pendant des heures sur leur plumard où traîne encore un nounours en peluche, leur ipod sur les oreilles.
Et puis y'en a une, intelligente, affutée, qui tombe en cloque. Pas une histoire d'amour, une histoire de capote défaillante. On ne sait rien du père. D'ailleurs, le film se cague des mecs dans les grandes largeurs. Ils n'ont ici de valeur que comme donneurs de sperme. On ne saura rien ou presque de leurs sentiments, là n'est pas le sujet.
La belle affûtée décide de garder son enfant. Parce qu'elle se sent seule, parce qu'elle n'a pas de père, une mère absente car au turbin du soir au matin, un frère militaire qui part en mission... elle veut quelqu'un qui l'aime pour toujours, qu'elle aimera pour toujours. Y'a pas ? Et ben, elle va fabriquer.
Et elle se lance dans un prosélytisme ébouriffant, les copines voient dans la maternité une façon d'échapper à leur morne train-train, elles chassent le mâle et n'ont guère d'effort à fournir pour arriver à leur fin, le garçon de 16 ans usurpant rarement sa réputation d'être "en chien" en permanence.
Elles se fabriquent des utopies, rêvent de phalanstères sans connaître Fourier, de communautés sans faire hippy dans leur culotte.
Et puis.
Et puis j'arrête de raconter, sinon vous n'irez pas voir le film, et vu le nombre de mes lecteurs, ça pourrait porter un coup fatal aux nombre d'entrées !
Quoi j'ai pas dit ce que j'en pensais ?
J'en pense du bien mais pas que. Démerdez-vous avec ça.
Non mais, faut faire tout le boulot ici, comme si j'avais que ça à faire !
Ah et puis en rentrant avec Haïku, on est passé rue Saint-Denis, là où y'a des dames qui pour quelques euros te grimpent le haricot. J'étais furax d'avoir oublié mon Lumix, on a vu une boutique pour clebs, un délire. Bon, ils te vendent le nonos en plastoc qui fait pouet-pouet, classique. Mais y'a aussi des manteaux pour chien, des lunettes pour chien, et... des costumes de père noël pour chien, et... des robes panthère façon tepu pour chien. Ou pour chienne.
Rien vu pour chaton.