La vague sombre - 5
Le premier train est à 5 heures.
Pendant près de deux heures, Marianne reste sur un banc, les bras serrés autour de sa valise, les yeux dans le vide.
Elle commence à répéter ce qu'elle va lui dire. Elle rejoue la scène dans sa tête, imagine la réaction de Marc. Sa surprise, ses mots, ses regrets, ses excuses, ou pas d'excuses. De l'arrogance, peut-être.
Elle multiplie les scénarios, mais la conclusion est toujours la même. : elle repart seule, c'est fini.
Elle continue dans le train, le nez contre la vitre, sans regarder le paysage qui défile, le jour qui se lève.
Après le train, il faut prendre le car, qui la dépose à 13 heures dans le centre de Sarlat. Elle se dirige vers le premier hôtel qu'elle croise, prend une chambre, une douche, se lave les cheveux, savonne et frotte sa peau jusqu'à ce qu'elle soit rouge.
Elle s'allonge sur le lit pour réviser encore sa mise en scène mais, épuisée, s'endort profondément, enfin.
Elle se réveille à la nuit tombée, furieuse d'avoir dérogé à son plan. Elle se maquille, se fait belle, descend à l'accueil pour demander où se trouve l'équipe de tournage qui occupe la ville depuis presqu'un mois.
A la réception, elle tombe sur l'assistant du producteur qu'elle a déjà rencontré à Paris.
- Marianne ! Ca alors ! Je ne savais pas que tu devais venir. Tu n'es pas à l'hotel de Marc ?
- Non... c'est une surprise. Il ne sait pas que je suis là !
- Super ! On dîne tous au restau de la place, "Chez Camille", tu verras c'est vraiment bon. Je t'emmène.
Il lui offre galamment son bras et les voilà partis tous les deux chez Camille.