Enfoncer le clou
Une fois sur les petites baguettes, deux fois sur les grandes.
Ce sont des parcloses. Je le sais depuis hier.
Deux petites, deux grandes par carreau.
18 carreaux.
Mais une fois sur trois, la pointe se tord.
Marmonner "Putain de merde de chiottes, ta mère la pute !" (je suis seule dans la pièce, ça ne choque personne)
Arracher la pointe avec une pince en poussant un grand "Han !".
Remettre une nouvelle pointe et marteler comme une blatte en flippant de ne pas taper dans le carreau.
Parfois, la pointe se tord tout à la fin.
Alors pas moyen de l'enlever pour en remettre une autre.
Ecraser le bout tordu le plus discrètement possible.
2 heures 30 plus tard, appeler le chef de chantier pour inspection.
Il inspecte.
Il dit "C'est bien".
Il dit "Mais y'en a des tordues, c'est pas joli".
Laisser le chef réparer mes conneries.
Aller faire un raccord de peintoche dans la cuisine.
Entendre le chef pousser des "Han !" et des "Putain de merde de chiottes, ta mère la pute !"
Redescendre quand le silence est revenu.
Scotcher les carreaux pour pas trop dépasser. Comme dans les coloriages à l'école, quand tu dépasses, c'est moche.
Ouvrir le pot de peinture gris, la nuance, c'est "Gri-gri", on a trouvé ça mignon, pour un nom de peinture grise.
Peindre en chargeant bien pour combler les trous entre les morceaux de bois.
Se dire qu'avec ce qu'on a mis comme gri-gri, ça va nous porter chance, et que ce ne sera pas sec avant demain.
Enlever ses fringues de chantier cradoquées à donf.
Penser que demain...
On va poncer,
Sur un étage, sur un escalier
A fond de train de la cave au grenier. etc.