Bernique ta mer !
Je ne vous ai pas raconté ma croustillante anecdote* ferroviaire de lundi.
Je suis assise côté couloir, en duo, avec vue sur un carré. J'ai horreur des carrés, sauf en coiffure. Tu voyages face à des gus que tu connais même pas, mais surtout, souvent, face à un troupeau de chiards qui geignent, chahutent et t'écrasent les nougats en gerbant leur 4 h sur tes mots croisés. Je sais de quoi je cause, j'ai maintes fois voyagé avec mes propres nains dans le passé. Un cauchemar !
Dans le carré, un bretonnant hard core d'une vingtaine d'années discudrague une jeunette timide assise face à lui.
Il a la panoplie complète du type qui pense que le monde s'arrête à l'est de Rennes. Le Tshirt Gwenn ha du (blanc et noir, les couleurs du drapeau breton), le cheveu long genre mulet pelé, l'oeil bleu et les oreilles rougies par les coups de soleil. On sent qu'il est allé à la skol diwan et qu'il sait danser la gavotte de Lescoët, la ridée de Lanrivoaré et la fisel de Pleucadeuc sans s'emmêler les sabots.
Au cas où ça vous aurait échappé, j'aime bien la West Coast, mais le genre indépendantiste de Mornetrou, ça me gave.
Voilà Letrouadec qui se lance dans une diatribe contre les parisiens.
- Jamais ils sont aimab', jamais serviab', font toujours la gueule ! Dans le métro, ils te marchent dessus. Les commerçants c'est jamais qu'ils sourient. Y'a plein d'arab' et de blacks pour te voler ton portab'**. Ils se croivent les plus forts du monde avec leur équipe de foot...
La fille tente de tempérer.
- Faut pas généraliser. Ils sont pas tous comme ça, hein... moi j'en connais des sympas.
- Oui, ben c'est l'exception, hein ! Parce que c'est tous des pourris quand même. Et puis Paris c'est sale, y'a des crottes de chiens.
Me monte une envie de quitter mon siège et de venir souffleter violemment le ressortissant de Ploucville tout en l'agonissant d'injures fleuries.
Je suis limite, voire je frise... quand le voisin de la draguée, un type d'une quarantaine d'années assez chicos prend la parole.
- Vous savez, Monsieur, à l'instar de la Bretagne où il ne pleut que sur les cons, les parisiens ne sont désagréables qu'avec les imbéciles.
Letrouadec a fermé son claque-breizh !
*C'est drôle comme une anecdote se doit d'être croustillante, tout comme une passion brûlante et des wawas dans l'état où vous les avez trouvés...
** Tu as remarqué mon effort louable de reproduire l'accent west coastien, et c'est pas du kouign amman !