On va où, papa ?
J'ai recommencé à lire.
Je n'avais pas véritablement arrêté, depuis le temps que je traine un bouquin dans mon sac et que je plonge dedans comme dans une piscine rafraichissante à la moindre occasion, à toute heure et à tout trac, je ne pourrais vivre sans livre. Mais dernièrement, j'avais l'impression d'ingérer des suites de mots, comme on becte un mauvais casse-dalle SNCF, pour se caler l'estogomme.
J'ai mangé Duma Key, de Stephen King. Un gros sandwich étouffe chrétien à la mie molle et au beurre rance. Pourtant, j'aime bien SK, je ne méprise point sa prose. Il est celui qui m'a aidée à lire en rosbif, au début. Il m'a fait trembler de trouille, et même émue quelques fois. Mais son dernier opus est indigeste. Pas pu tout finir, restent quelques miettes sur le bord de l'assiette. Appétit coupé. Je me fous de connaître la fin de l'histoire. En vente à la prochaine brocante.
J'ai ensuite picoré The time traveler's wife, offert et recommandé chaleureusement par une amie chère. La vie d'un type qui a un sévère dysfonctionnement dans le compteur et qui disparaît de temps en temps de son présent pour se retrouver dans son futur ou son passé. Il aime d'un amour forcément chaotique une fille, Clare, qu'il croise à tout âge. Un coup elle a 6 ans et lui 43, parfois elle en a 18 et lui 12. Pas fastoche de s'aimer comme des oufs quand y'a du mou dans la concordance des temps.
C'est marrant au début, et puis ça lasse. Peu touchée par la romance, pourtant apparemment louée par des foultitudes de lecteurs all around the monde, je l'ai fini avec un rototo de soulagement. Yep, j'en suis venue à bout.
C'était sur une plage west coast, Mac absorbait Les guerres meRdiques sans R avec une gloutonnerie évidente. Tu m'étonnes... les aventures de Léonidas, forcément, ça donne faim !
Et puis ce matin, en mission pour la France (je prête ma voix à des méthodes de langues pour que les estrangers causent notre joli sabir), j'ai pris le métro pendant des plombes et j'ai attaqué bille en tête On va où, papa ? De Jean-Louis Fournier.
Boudiou, ma doué, bordelakeu... delicatessen.
J'ai fini dans la journée et dans les transports, suburbains, de joie et d'émotion. L'humour est bien la politesse du désespoir. Mes voisins métropolitains ont du penser que j'avais l'h1n1 tant mes yeux coulaient.
Autant dire que je conseille vigoureusement, tout comme l'un des délices Fournier précédents Il a jamais tué personne, mon papa, qui m'a troué le coeur.
C'est triste à dire, mais les histoires de papas, ça m'émeut plus que les Bridget Jones et Sex and the city de médeux.
Mon côté masculin, sans doute.
Bon, c'est pas tout ça, je commence quel mille-feuilles, demain ? Une idée, les gars et les garces ?
PS. Je vois en cherchant des images d'illustration qu'il existe un film tiré du Time traveler... beau casting bien amerloque.
Ca pue la savonnette. Vive Ken Loach, bordel !
Et puis une photo du bonheur du mois de mai dernier... discretos, on ne peut reconnaître que pouic personne, mais la descente du Lot en raftinge, c'était un bonheur absolu, qui n'a rien à voir certes avec mes lectures, non, ça c'est la vraie vie...