La première impression
Lors d'une première rencontre*, l'impact que nous avons sur notre interlocuteur dépend à 55% de notre visage, 38% de la voix et de ses intonations, 7% seulement du contenu de notre discours, et cette première impression a toutes les chances de se consolider au cours de la conversation.
On aime ou rejette d'abord avec les yeux. Bien ou pas bien, juste ou injuste, y'a pas à tortiller du fion, c'est comme ça.
J'ai lu tout un article là-dessus dans Marianne : « Faut-il être beau pour réussir? ». Encore une retombée de l'affaire Susan Boyle, l'écossaise tartignolle qui chante comme une déesse.
L'apparence serait l'un des facteurs les plus insidieux de discrimination, du berceau au broutage de pissenlits par la racine.
Les « beaux » ont de meilleures notes à l'école, de meilleures chances de faire carrière et font généralement de meilleurs mariages. Quand ils ont maille à partir avec la justice, ils sont condamnés moins lourdement... ça va loin.
Et beau, c'est quoi dans l'inconscient collectif occidental (qui a tendance à déborder sur le monde entier) ? Fastoche : grand, blanc et mince.
Deux CV identiques envoyés avec deux photos différentes :
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Un joli garçon
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Une photo déformée pour rendre le même visage ingrat.
= 30% de réponses positives en moins pour le vilain petit canard.
Le CV d'un obèse a trois fois plus de chances d'être rejeté que celui d'un candidat lambda.
L'impact de la première impression est-il atténué dans les rencontres amoureuses « modernes », via le virtuel, Meetic et compagnie ? On tchat, on apprend à se connaître un peu, beaucoup, avant de se voir. La première « vision » est-elle toujours aussi déterminante ?
Lorsque j'étais dans ce circuit, je ne parlais pas des mois avec mon interlocuteur. Je demandais ou acceptais un rendez-vous très vite. Pas de temps à perdre à fantasmer sur quelqu'un qui vous déplaira peut-être férocement au premier véritable contact. J'éliminais aussi sauvagement sur la voix, il faut bien l'avouer.
Je me fie absolument à ma première impression. Je suis « aussi pire » que les autres... que tout le monde ? Mais après tout, ça marche dans les deux sens. Je suis moi aussi exposée, en vitrine, lors d'une première rencontre.
* A. Merhabian « Decoding of inconsistant communication »