La minute de Ménie - Miss Rainette
C’est une jeune quarantenaire belle à tomber par terre (j’ai les photos, 15 € le cliché, me contacter), à l’évidence munie d’un cortex en parfait état de marche avec légion de neurones frétillants, d’un solide sens de l’humour et des réalités, etc. Y’a toutes les options sur le véhicule.
Tout le contraire du bivalve discopouffe avec une langue de veau en guise d’encéphale, qui reste vautrée dans son canapé en peluche rose en s’étonnant de la recrudescence de pénurie niveau mec de la haute à cheval dans les environs immédiats de son coquet HLM.
Miss Rainette, elle n’a pas de mec. Déjà, c’est rasoir. Un mec, c’est bien comme compagnon de jeu, c’est même idéal. C’est fou ce qu’on peut s’amuser avec un velu, de jour comme de nuit. Les variations distrayantes sont infinies, à deux.
De plus, le mâle est naturellement doté d’équipements divers qui rendent à la femelle la vie plus belle, plus facile, plus fun. De l’ouverture de bocaux récalcitrants à la brouette bantoue, la démonstration de l’utilité intrinsèque d’un marmule n’est plus à faire.
Mais bon, quand y’a pas, on peut faire sans quand même. C’est moins gai, on se débrouille autrement et voilà… du moment qu’on a des amis.
Et là, stupeur, la sublime Rainette n’en a guère, ou ils sont éparpillés aux 4 coins de France façon puzzle. Dans le voisinage, quelques relations distendues et peu fiables.
Elle en a marre, la grenouille, de donner, donner, et si peu recevoir en retour. Alors elle ferme sa porte et avale sa solitude, qui lui reste bien entendu en travers de la gorge.
Danger ! Qui dit fermeture des ouvertures, dit arrivée d’une odeur de moisi, propice à la naissance de l’aigreur.
Je ne vais pas me lancer dans un panégyrique de l’amitié, et enfiler les perles sur un fil en pur poncif. Mais si je pense que l’on peut survivre sans amour, même si c’est pas fastoche tous les jours, sans amis, c’est juste suicidaire.
On est des animaux sociaux, faut pas rester tout seul, et même si on a parfois l’impression de se faire léser avec un grand B, ben tant pis, on y va quand même.
Et puis oui, je crois qu’on peut se faire des amis à tout âge. J’ai des inaltérables depuis plus de 30 ans, auxquelles je ne saurais jouer de pipeau sans me faire renvoyer en touche avec carton, mais chaque nouvelle rencontre amicale que je fais aujourd’hui est un pur bonheur. On ne sait pas jusqu’où ça ira, si on deviendra intimes ou simplement potes, mais qu’importe ! C’est chaleureux et touchant et puis on se marre !
Madame Rainette, tu vas m’ouvrir cette porte et cette fenêtre et ce cœur, s’il te plaît !
C’était la minute de Ménie G., psychoterrasseuse, enfonceuse d’huis béants.