Ginette Drone chez les professionnels de la profession
Je suis toute seule ce soir. Chouette !
Je dois avouer que je ne suis pas mécontente de me changer en patate de sofa, subliment attifée d’un pyjama en désuétude, le cheveu en bataille et de la crème plein la tronche. Un appel à l’abstinence !
C’est le concept Bridget Jones, d’après ce que j’ai compris de ce chef d’œuvre fondateur de la littérature moderne. Ou plutôt Ginette Drone, vu que j’ai vingt balais de plus que la grasse et gracieuse héroïne.
J’ai des clopes, je vais me servir un verre, et je vais finir le foutu tricot sur lequel je m’esquinte les doigts depuis des lustres. Et ouais, la totale !
Comble de bonheur, c’est la remise des Césars. Je vais mater les robes du soir de ces dames et délivrerai pour moi toute seule des jugements parfaitement ineptes et injustes sur l’élégance de chacune du fond de mon canapé, les pieds au chaud dans d’immondes chaussettes.
Une soirée extrêmement pointue, un exploit que je me garderais bien de renouveler trop souvent, je pourrais y prendre goût et perdre par la même occasion l’affection troublante d’un certain individu louche qui m’est cher, voire hors de prix. Il a pourtant affirmé pas plus tard qu’aujourd’hui qu’il avait un faible pour la gonzesse de type camomille-charentaise-bigoudi… les hommes sont des menteurs, tous les mêmes sauf Papa (j’essaye de me mettre dans le personnage de Ginette, le costume ne suffit pas, faut le mental qui va avec).
Je ne peux m’empêcher de songer aux soirées Césars que nous organisions autrefois, avec une flopée de potes.
C’était du sérieux. Chacun avait sa fiche et préparait ses pronostiques, cochait des cases.
Grand buffet devant la télé, pas mal arrosé il faut bien le dire.
Grosses rigolades pendant toute la cérémonie, et sur la fin, comptage des résultats.
On avait à la fois envie et peur de gagner… envie parce que gagner, c’est bien, peur parce que le grand prix était chaque année plus innommable.
Il y eut des gondoles vénitiennes en plastique à poser sur la télé, des paniers de chiots dodelinants pour la plage arrière de la bagnole, des horloges enluminées et outrageusement dorées avec des papillons sur les aiguilles, des fontaines glougloutantes avec flamands roses en résine et végétation surréaliste… rien que de la belle beauté.
Le gagnant se voyait obligé de garder son lot et de l’exhiber pendant un an dans son charmant intérieur. Rude épreuve !
M’enfin ce soir, le scénario est différent. Tout dans le moucool !
Ah ! Tapis rouge. Les nominés pour le son sont…