Le Cercle des cacahuètes disparues
RDV 18h30 – Le Cercle à Asnières
Le Cercle, c’est mon abreuvoir de quartier. Il livre une bataille homérique à La Rotonde, le troquet d’en face, et chaque Asniérois est sommé de choisir son camp. Rotondiens contre Clercleux.
Le choix a été fait rapido. A la Rotonde, point de Leffe, NRJ à donf et des pétasses à gros cul moulées dans des jeans stretch glissés dans des bottes en plastique.
Au Cercle, Leffe, point de musique sauf celle des conversations improbables des échoués du rade, accrochés au zinc. Et puis les serveurs sont merveilleux. Surtout Molière et Vieux Fiancé.
Molière, rouquin flamboyant sanglé dans son tablier noir, vous approche avec la grâce d’un danseur de tango.
« Mademoiselle (vous pouvez avoir 87 ans, vous serez toujours Mademoiselle pour lui), quel plaisir de vous voir en nos murs ! Que pourrais-je vous servir pour vous faire plaisir ? »
Ce n’est ni lourd, ni obséquieux, plutôt élégant, désuet et virevoltant.
Quant à Vieux Fiancé, un homme d’une soixantaine d’années, beau visage buriné et cheveux blancs, il a déclaré un jour à ma fille :
« Mademoiselle, j’espère que vous ne prendrez pas ombrage de cette déclaration, mais vos yeux sont si bleus, si ensorcelants… je vous enlèverais illico si quarante vilaines années ne nous séparaient. J’espère seulement avoir le bonheur de vous revoir dans une vie future, avec une meilleure concordance des temps ! »
J’ai ri, Lili a rougi, et nous sommes devenues Cercleuses for ever.
Ce soir, ni Molière, ni Vieux Fiancé. Ptiluc.
On n’y croyait plus, dis donc. On avait accumulé assez de lapins pour repeupler La Garenne, et comme on est à Asnières, ça tombait tragiquement à côté de la plaque.
Arrivée top synchro.
C’est bien le Monsieur sur la photo Meetic, pas de mensonge sur la marchandise. Et comme il écume tous vos blogs, il me reconnaît immédiatement, puisque je m’étale complaisamment sur le site de l’Enclumeur de Goëland (nouvellement renommé « Massacreur de Crustacé », au grand bonheur de tous).
Tout de go, il commande un irish coffee. Euh… je bouge ma Tour, mon Fou, mon Cheval ?
Non. Je me conforme. Finalement, je suis plus conformiste que je ne veux bien l’admettre.
Je craignais qu’il ne soit plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral, c’est souvent le cas.
Point du tout. Une logorrhée immarcescible*. Drôle et sympa qui plus est.
Mais, me direz-vous, c’est qui Ptiluc, finalement ?
Pour résumer mes impressions, je dirais : un Le Quesnoy foutraque qui se sent à l’étroit dans son costard 3 pièces, dans son couple, et dans sa vie en général. Qui aimerait bien qu’on lui saupoudre un peu de piment ou de poudre de perlimpinpin sur la blanquette quotidienne.
Il n’est pas tout seul dans cette situation, et de tous âges (cf. Pioupiou).On se quitte 1h30 plus tard, c’est l’heure de la blanquette pour Ptiluc.
Il m’écrit le lendemain.
« Je ne sais pas pourquoi j’ai tant parlé, je n’ai pas l’habitude d’être si disert, tu m’as tiré les vers du nez, tu dois avoir un don ! »
Beurk ! Eh, l’autre ! Même pas vrai ! Tireuse de vers, quelle horreur…
Dis donc, Ptiluc, j’espère que tu va te fendre d’un Pticom !
Je t’embrasse, et merci pour l’irish coffee (mais c’est pas terrible avec les cacahuètes)
* Spéciale dédicace pour Blanche Dep