A poil sur la toile
C’est quand même bizarre, cette histoire. Se raconter en ligne. En rang d’oignons, des petites tranches de vies qu’on s’enfile les unes après les autres, on passe d’une page à l’autre en essayant de ne pas perdre le fil. Qu’est-ce qu’il racontait, celui-là déjà ? Et pourquoi elle pète les boulons, celle-là ?
Mais je ne les connais pas tous ces gens… suis-je tombée si bas que ma vie ne suffise plus à remplir ma vie ? Quel besoin ai-je d’avoir un public qui m’observe dans les méandres de ma toute petite existence ? Leur avis m’est-il devenu indispensable ? Faut croire que je suis bien malheureuse, finalement. Les gens heureux n’ont pas d’histoire, c’est bien connu.
Et puis ça me prend le chou, comme mon nom l’indique.
Je passe beaucoup trop de temps devant cet écran (poussiéreux, d’ailleurs, va falloir agir avec la lingette appropriée pas plus tard que tout de suite… aaaah, c’est tout de suite plus clair).
J’aurais beaucoup mieux à faire, certainement.
Ce n’est pas comme si j’étais terriblement seule, désespérée, abandonnée. J’ai des amis, oui, des pour de vrai qui m’aiment bien malgré mes indécrottables tares.
Alors, est-ce que le blog « c’est le mal » comme dirait Unicks ?
Nooon, pas vraiment, mais à quoi ça sert tout ça ?
Je vois des « pros », comme Maman Celib, qui d’un rien vous fabrique un roman, des « visuels », comme Macaron, qui illustrent leur vie d’images magnifiques, des… mais non, j’arrête la liste, elle serait toujours incomplète.
Alors on se trouve des affinités avec tel ou telle, on s’agace à la lecture d’un ou d’une autre. Et alors ?
Besoin de reconnaissance ? Quelle reconnaissance ?
Avoir le Blog Rank le plus costaud ? Ridicule.
Mais je me suis laissée piéger. J’allume mon ordinateur tous les matins et je file sur mon blog pour voir les réactions pendant que mon café chauffe. J’ai filé l’adresse à des personnes qui ne devraient pas avoir cette adresse. Je mets même ma « vraie » vie en danger pour le plaisir frelaté de la raconter à des inconnus.
C’est terrible, ça craint, ça daube, et je me fais peur.
Parce que, ne nous leurrons pas, ce qui « marche » le mieux, c’est la vérité crue, le vécu saignant, l’état d’âme juste accouché avec le placenta. Et même si mon style est toujours décalé, j’ai dit sur ce bordel des choses épouvantablement intimes que j’aurais dû garder pour moi ou mes ami(e)s de chair et de sang.
Je suis un peu paumée, là. Ca sert à quoi tout ça* ?
*Tiens, enco’e du Maxime Le Fo’estier !