Les aventures de Prise de Chou et du Lapin Kougloff - 8
Cette rupture rapide après aventure éclair est rapidement oubliée. Ma copine Galette affirme que, pour se remettre d’une histoire tombée à l’eau, il faut compter un mois par année de liaison. J’ai vérifié. Pas faux. Mais là, tout est allé tellement vite qu’il est inutile de faire des calculs en minutes et secondes.
Je reprends le cours de ma vie, en laissant Meetic et ses animaux tristes de côté, ras le bol !
Je passe de Queen Duku à Nonne Troppo et frise la paix des sens, chatte échaudée craint l’homme roide.
Un mois plus tard, micro-mail de Lapin, qui me demande de mes nouvelles. Petit échange sibyllin ça va et toi ça va et moi ça va. On peut boire un pot ? Non, je pars en Allemagne quelques jours, mais après OK… et puis rien. Bon.
Je relance mollement 1 mois plus tard : alors, toujours à l’est ?
Ah tiens, une réponse de plus d’une phrase…
« Je suis parti en Allemagne, mais comme tu vois, je ne m'empresse pas pour te rappeler dès mon retour. C'est un comportement pas très clair comme je ne les aime pas ... je te dois donc une explication.
En fait, je te reverrai avec joie parce que tu es une des rares femmes dont j'ai, ces dernier temps , en dehors du plan cul et ... en fait, même avec lui, gardé un super souvenir. Je t'ai déjà joué du violon dans un autre mail et tout serait à reprendre ici, ce n'est que vérité.
Ceci dit (et c'est là que ça se gâte) je suis dans une relation débutante à laquelle j'ai envie de donner sa chance.
Si je n'ai rien contre quelques petits écarts dans une relation installée, au départ, je trouve que c'est une fuite prématurée et la médiocre expression de ses peurs d'attachement.
En fait, ça colle au malaise que je ressens quand je suis sur Meetic : ce genre de catalogue en cercle vicieux jamais refermé, où la page suivante donne toujours l'espoir d'une meilleure trouvaille qui, s'il ne se réalise pas nous renvoie aux pages antérieures.
Même si tout n'est pas parfait, pendant un moment, je pense qu'il faut refermer le cercle et voir venir.
Bon, tout ça pour te dire que ça me ferait quand même très plaisir de te revoir.
Si tu as une inauguration, une avant première ou toute autre « performance » en vue n'hésite pas à me faire signe. »
Donc voilà. La chose est plus claire. J’admire au passage l’analyse du cercle infernal meeticien. Très juste, Auguste. Ce Lapin en a dans le râble, j’aimerais bien le garder comme pote à cerveau (non que mes autres copains soient des praires, je précise).
Je note toutefois le « tout n’est pas parfait », qui sous-entend qu’il y a comme une mini-couille dans son nouveau potage. De quoi s’agit-il ? Est-ce à cause de cela qu’il veut me revoir, ou simplement pour amorcer le virage de notre brève histoire vers la bretelle aminche ?
On verra vendredi soir.
Je l’invite dans un loft de Belleville, où je chante avec Jendive et une bande de charmants désaxés.
Je prends l’air dans la cour entre deux chansons quand il arrive, très en retard, une clope au bec, visiblement nerveux.
Il s’approche, nos regards se croisent, et badaboum !
Attaque de papillons géants, mots balbutiés, yeux dans le beurre, tremblante du mouton de la main, arythmie cardiaque, régression express vers l’adolescence, sourires tout mous…
La panoplie complète !
Nous voilà tous les deux dans un drôle d'état...