Ta mère en tongs à la télé - Chute et bassine
Une fois par an, en hiver ou au printemps, ma lèvre supérieure se révolte. Elle fait sécession.
Elle rougit violemment, se gerce, pèle. C’est le bordel sous mon nez. J’ai beau tenter de l’amadouer avec des onguents, des crèmes, des baumes. J’ai beau essayer toutes les recettes de toutes les bonnes femmes, woualou. Ca dure trois jours et puis ça passe.
J’appelle ça une attaque de moustache, et c’est ce qui m’arrive juste maintenant, très à propos il faut bien le dire, devant l’objectif de Funky.
J’appelle ça une attaque de moustache, et c’est ce qui m’arrive juste maintenant, très à propos il faut bien le dire, devant l’objectif de Funky.
Si l’on ajoute à la moustache une mini-robe bien trop courte, un foulard et des colliers à la noix et des talons aiguille de 15 cms (je culmine donc à 1,91 m), taille 38 (je fais du 39, sinon ce serait moins drôle), on comprend les questionnements qui m’assaillent : « Pute borgne, qu’est-ce que je fais là ? Quelle idée à la mormoal de faire ce truc pourri ! ».
Je me maudis, je me déteste, je me collerais des baffes, mais je continue à sourire douloureusement.
Funky est un créatif. Il veut que je fasse un tour complet sur moi-même, façon mannequin de podium, pour mettre en valeur toutes les facettes de ma rutilante tenue.
Hé ho, ça va pas ? Tu veux pas que je te fasse le moonwalk, non plus ? On ne demande pas aux bergers landais sur échasses de faire des figures de style, surtout quand ils ont les pieds dans des étaux.
Funky insiste. Je m’exécute, c’est le cas de le dire, je tangue, je tourne, et bien sûr, je me croûte façon grand siècle, cul pardessus tête.
Tout le monde se marre, et moi aussi, même si j’ai une vague envie de pleurer.
Il est 18 h. J’ai les nougats en feu, un bleu sur la fesse droite et la moustache en pleine floraison.
L’ambiance est électrique sur le plateau. On a deux heures de retard et il faut encore tourner la séquence « Do it yourself ».
Comment teindre un T.shirt dans une bassine ? C’est du costaud. On peut classer ça entre « Faut-il croire en la métempsychose ? » et « Le shorty va-t-il détrôner le string ? ».
A l’évidence, Miss n’a jamais fait de teinture, à part sur ses extensions. Je lui explique donc la procédure et, dès que la caméra tourne, je l’écoute d’un air pénétré me régurgiter mot à mot ce que je viens de lui dire. J’en aurai appris des choses !
Deux longues heures plus tard, tout est enfin plié.
Je suis morte de fatigue. Mais demain, c’est le grand jour ! Je vais enfin voir… le coiffeur !